Comment reconnaître Sa Volonté et Sa Grâce agissante
Dans la rencontre et le choix du partenaire ?
L’Eglise et la Sexualité. [Ajout VBA]
Un discours millénaire et ambigü de l’Eglise, affirmant que « le sexe, c’est le péché » continue de faire des ravages et de provoquer toutes sortes de névroses, dépressions et maladies mentales chez les chrétiens. On nous a tous appris que le fruit défendu, c’est bel et bien la pomme (ce qui n’est pas biblique, relisez Genèse : le fruit dont il est question, c’est le fruit de la connaissance du bien et du mal, fruit [=résultat] qui est chez l’être humain l’introduction du doute maladif et des notions d’acceptation et de rejet, de pureté et d’impureté, largement amplifiées et développées dans l’Ancien Testament - Ro 14:22-23 ). En fait, l’image de la pomme comme fruit défendu provient semble-t-il de doctrines qui tendent à émettre un parallèle entre l’arbre de la Genèse, la pomme du verger du Bien-Aimé du Cantique, la passion qu’anime les deux acteurs de ce livre et l’histoire d’un personnage biblique qui, abandonnant toute sa sagesse au profit d’une flamme amoureuse, s’est égaré corps et âme dans les bras d’une reine. D’où la propagation de « le péché = le sexe, le sexe est une abomination, le corps est sale (Dieu aurait revêtu Adam et Eve de peaux parce que leur corps étaient honteux et non pas leurs pensées - ce qui est contradictoire avec l’enseignement de Jésus : « ce qui est impur, c’est ce qui vient de l’intérieur »), il vaut mieux être célibataire et vierge que d’être marié parce que le marié est lié à ses excitations hormonales, le sexe = Satan etc...».
Une autre approche explicitée sur un forum tendrait à dire que l'origine linguistique de cette histoire de pommes se trouve dans la confusion dans le latin écrit d'avant le cinquième siècle, entre ma-lum (pomme, avec un u long) et malum (mal, avec un u court), ce qui fait le lien avec le cantique...
Rappelons encore ici que le mariage est une institution directe de Dieu Lui-même et que ce que Dieu institue est saint et immuable, que la chute ne remet pas en cause la sainteté du mariage une seule chair. Nous sommes des êtres sexués et Dieu nous a donné le désir en cadeau, et non par perversité pour se délecter de nous regarder nous débattre comme des marionnettes vivantes attachées à des ficelles de pulsions interdites et réprimées.
Dans mon groupe de maison habituel et bien-aimé, j’ai un jour demandé la prière selon ces mots: « j’aimerais qu’on prie pour moi car je suis en âge d’épouser et d’être épousé, j’en ressens le manque et j’en souffre profondément ». J’ai alors commencé de voir se mouiller des yeux et quelqu’un m’a répondu: « tu sais, on se reconnaît tous dans ce que tu dis ».
Ainsi, nous avons pris l’habitude de taire dans nos églises la réalité de nos besoins sexuels et affectifs spécifiques à notre genre, pour une grande partie à cause de la honte ou de l’embarras qui règne dans ce domaine premièrement par manque d’implication sérieuse de l’Eglise sur cette question et deuxièmement à cause de toute l’imagerie caricaturale de scandale et d’abomination développée autour de « la chose » par le milieu chrétien au travers des siècles.
Déjà les épîtres de Paul et le sermon sur la montagne, habilement dégagés de leur contexte et lus « à vif », pourraient avoir assez de poids en eux-mêmes pour nous effrayer dans l’approche de la sexualité et du désir sexuel naturel [En fait, Jésus parlait devant une foule pleine de chefs religieux « sépulcres blanchis » et Paul travaillait dans un contexte de mélange de cultures explosif avec homosexualité prônée par les grecs, libations, bacchanales et orgies romaines, dieux païens orientaux entrés dans Jérusalem, ruine du temple et du pouvoir pharisien, terrorisme zélote et croissance-éclair d’un christianisme manquant fortement d’enseignements; d’où la fermeté des propos de ces passages]. Et bien que Jésus a, au travers des exemples de ses rencontres avec des prostituées, samaritaines et femmes de « petit échelon » ou « petite vertu », aboli l’approche souvent impure que le peuple d’Israël avait de la femme (les proverbes la décrivent souvent comme une séductrice exacerbée, le pentateuque lui réserve un statut et un sort peu appréciables), l’Eglise (en tant qu’organisation humaine et dogmatique) s’est empressée de remettre les choses anciennes et les oeuvres mortes à leur place habituelle.
Témoin ce texte de Saint-Augustin qui marquera la société judéo-chrétienne (Augustin estimait que le péché se transmettait par voie sexuelle même entre l’époux et l’épouse):
« Adam, en péchant, a comme vicié l’humanité dans sa racine (...) Ainsi tout homme (issu) de lui et de son épouse également condamnée après avoir été l’instrument de sa faute, qui naîtrait par la voie de cette concupiscence charnelle (...) contracterait le péché originel. Péché par lequel, à travers des erreurs et des douleurs diverses, il serait entraîné à ce dernier supplice qui ne doit pas avoir de fin ». (réf: « Enchiridion », Desclée de Brouwer). Calvin et les janssénistes approuveront plus tard Augustin pour cette approche de base.
Dans un autre texte, Augustin déclare:
« Qu’il s’agisse d’une épouse ou d’une mère, où est la différence ? C’est toujours Eve la tentatrice que nous devons redouter en n’importe quelle femme ».
Au douzième siècle, alors que le catholicisme romain s’est fortement étendu sur toute l’Europe, le pape Innocent III écrit: « les rapports conjugaux n’ont jamais lieu sans un certain désir de la chair et la chaleur d’une répugnante concupiscence, qui souille et corrompt les semences fécondées ».
Ainsi le désir sexuel lié fondamentalement à notre identité de genre serait une horreur incurable qui nous collerait à la peau ? D’où le développement d’une vision de la sainteté par la virginté, la privation sexuelle à vie et le célibat obligatoire. Ainsi on ne deviendrait plus eunuque (consécration de célibat spécial et volontaire) pour le Royaume de Dieu mais pour être sauvé... Voilà quelque chose d’assez éloigné des révélations de Christ...
Hélas, cette vision largement entretenue et cultivée jusqu’à nos jours dans tous les milieux chrétiens, à plus ou moins forte dose, a pour résultat de déplacer la question de la sainteté sur la répression de nos besoins sexuels et en l’occurence de nos besoins affectifs, précisément de la présence et de la tendresse d’un partenaire intime et légitime de l’autre sexe. Or ce qu’on comprime d’un côté rejaillit d’un autre, souvent de manière somatique d’ailleurs. Et lorsqu’un frère ou une soeur a le malheur de céder aux « pulsions honteuses », le résultat ne se fait pas attendre: toute l’église locale montre du doigt « l’abominable qui a chuté » et doit dès lors errer d’assemblée en assemblée sans aucune aide de fond, jusqu’à trouver un endroit où il deviendra anonyme mais pas guéri...
Qui n’a pas entendu évoquer le cas d’un « pasteur qui a chuté » ? Et lorsqu’on demande en quoi il a chuté, on obtient aisément pour réponse « il a eu des problèmes avec des femmes ». Que de honte, de lâcheté, de fausse pudeur et d’embarras dans de tels propos !
De nos jours, l’Eglise sort de son long sommeil pour découvrir avec retard que l’impact négatif qu’elle a eu sur la société occidentale dans le domaine de la sexualité (légalisme religieux et poigne de fer, condamnation de l’acte sexuel même dans le cadre du mariage) doit être urgemment corrigé afin que les valeurs morales saines de la famille et du mariage soient sauvées. Des séminaires et groupes d’accompagnement dédiés se mettent en place au fur et à mesure dans les divers milieux du corps chrétien. Malheureusement, nous sommes en droit de nous demander combien de temps cela mettra pour que la réticence disparaisse afin qu’un réel dialogue fluide et naturel prenne place entre les enfants de Dieu dans ce domaine, que le monde puisse voir une lumière nouvelle se lever dans la considération de l’union conjugale et sexuelle selon les bienfaits de la Volonté de Dieu.