Comment reconnaître Sa Volonté et Sa Grâce agissante
Dans la rencontre et le choix du partenaire ?
Toi+Moi=Nous. [Ajout VBA]
Quand on parle de mariage, on parle nécessairement de couple, c'est-à-dire à la fois d'une entité unique (le couple) et de deux entités indépendantes (l'époux et l'épouse) qui précisément sont l'origine et l'alimentation de l'entité couple. Un principe très fréquemment rencontré consiste dans l'idée qu'en se mariant, on va solutionner tous les problèmes par l'affection que l'autre va apporter. En fait, chacun apporte ses bagages avec lui, non seulement ses potentiels et aptitudes, mais également sa personnalité, ses mauvaises habitudes, ses préjugés, ses exigences, son égoïsme et éventuellement ses problèmes familiaux, professionnels, financiers. C'est pourquoi, même s'il est bon de reconnaître que les crises relationnelles et les disputes font partie intégrante et inévitable d'un mariage et ne signifient pas forcément qu'on s'est trompé de partenaire, l'idée initiale et fausse d'un mariage sans nuage ni passage à vide ou perte passagère de motivation du partenaire conduit tout droit vers une rupture prématurée et à la disparition de l'entité couple. Afin donc d'expliciter cette notion de couple alimenté, rappelons qu'aimer, comme le soulignait un séminariste, ce n'est pas la même chose que tomber amoureux. Un conseiller conjugal raconte en substance, pour illustrer ce principe, l'histoire suivante: "un jour un couple au bord de la rupture est venu me voir pour une consultation. Le dialogue entre mari et femme avait atteint un point de rupture. Lui, reprochait à sa femme de parler tout le temps et de ne plus passer beaucoup de temps à la maison et d'être tout le temps sortie pour des rencontres et activités extérieures avec des amies. Elle, lui reprochait de ne pas parler, d'être casanier, de ne jamais vouloir sortir. Je leur ai demandé de me raconter leur première rencontre, qui les a conduits à s'épouser. Ils se sont rencontrés à un bal. Ils se trouvaient à un endroit différent de la salle. Tous deux racontent que lorsque leurs yeux se sont croisés, ils ont senti une attirance mutuelle qui les a remué fortement - ce que l'on décrit comme un coup de foudre. Je les ai interrogés sur ce qui les avait attirés l'un dans l'autre lors de ce bal. Les réponses furent les suivantes: lui: j'ai été fasciné par elle car elle était entourée de beaucoup de jeunes filles et elle semblait très à l'aise dans ses relations. Elle: il était assis silencieusement dans un coin, un peu à part; j'ai trouvé qu'il avait une beauté ténébreuse... Ainsi, en arrivant dans mon bureau, ce qu'ils se reprochaient si fortement l'un l'autre, c'est précisément ce qui les avait attirés à l'origine! Que s'est-il donc passé? Une fois la magie des premiers temps passée, chacun a continué de se comporter avec excès selon les mêmes tendances (enfermement pour lui et sorties fréquentes pour elle) pendant une dizaine d'années, sans tenir compte d'un équilibre à constituer, et de l'existence d'un entité couple à entretenir dans l'équilibre de l'écoute et de la concession".
Lorsqu'on traverse un état amoureux, on voit au travers de verres déformants - on voit mais sans capacité de regarder, c'est-à-dire une inaptitude à accéder à une certaine objectivité. Il s'agit d'un processus passager et naturel au travers duquel on voit l'autre comme idéal et avec lequel on a un désir de fusion immodéré. Or, aimer, dans le cadre du couple, c'est précisément être conscient qu'on a en face de soi quelqu'un dont des aspects nous plaisent fortement et dont la personnalité et certains critères de valeur et d'esthétique nous sont appréciables pour y demeurer attaché, mais que jamais cette personne ne se comportera intégralement telle qu'on voudrait ou qu'on exige qu'elle soit, et que par conséquent on ne peut la forcer à changer, mais qu'il est nécessaire d'instaurer un dialogue dont on a l'initiative le plus tôt possible, doublé d'une acceptation de soi-même changer et abandonner des travers gênants pour l'harmonie du couple. Aimer, c'est toujours renoncer à quelque chose, perdre pour gagner, au risque que le gain n'arrive pas. Or, dans le couple, la base de confiance préalable est suffisante pour que, si le gain en retour n'apparaît pas, on puisse remettre assez tôt la question de ce qui est "à la traîne".
Il en va de même dans la recherche de l'âme soeur. Il est inconcevable d'avancer dans une relation, s'attacher à quelqu'un en méditant secrètement que l'autre finira par renoncer à vivre en ville parce qu'on préfère la campagne, ou qu'on a une profession "plus importante" donc qu'on envisage que l'autre quitte son emploi spontanément en cas de mutation professionnelle liée au métier qu'on exerce. Donc, les affinités, bien que fortement souhaitables à l'origine, prennent au fur et à mesure des années de mariage une place en retrait par rapport à celle de l'écoute et de la concession, de la décision et du projet communs. Un couple sans projet de quelque chose à bâtir, sans direction fondamentale à court, moyen et long terme, n'est pas un couple, ce n'est qu'une cohabitation, un partage de chambre à coucher. Il est important d'apprendre à faire le deuil de l'illusion, si possible avant même le mariage, afin de minimiser les pots cassés.
Un autre danger consiste dans le "mariage-parrainage", dans lequel l'un des deux époux est un partenaire naufragé et où l'autre a tendance à vouloir le sauver par l'union. Il s'agit d'un pari à haut risque, dont la chance de réussite est malheureusement assez faible. En effet, il est possible que l'échec du partenaire naufragé à atteindre un équilibre personnel au bout de quelques années amène également le couple au naufrage. Mais il est aussi envisageable que, au fil des ans, le partenaire naufragé sorte de son déséquilibre et retrouve des repères qui le rende autonome; alors la relation fondée à la base sur une dépendance partenaire-béquille/partenaire-naufragé peut voir toutes ses motivations disparaître au profit d'un vide flagrant dans le couple, qui peut aussi conduire à la rupture. Avant d'entamer une démarche en vue de la formation d'un couple, il faut donc être conscient que l'union conjugale ne remplit pas tous les manques de l'un et de l'autre, qu'une épouse ne remplace pas un père, qu'un mari ne peut offrir la complicité maternelle à sa conjointe, que l'on ne peut comprendre pleinement tous les traumatismes vécus par le partenaire et les résultats induits dans son comportement.