Comment reconnaître Sa Volonté et Sa Grâce agissante
Dans la rencontre et le choix du partenaire ?
Quand le passé est en cause. [Ajout VBA]
Les explications des livres cités ne mettent jamais en avant une question fondamentale et pourtant évidente: « pourquoi, alors que les valeurs chrétiennes sont universelles et intemporelles, constate-t-on du moins en occident un accroissement du célibat dans les églises avec une pointe importante à notre époque ? ». Nous sommes conscients que les profondes mutations opérées dans notre société ont déteint sur le mode de vie des chrétiens comme des non-chrétiens: le travail quasi-généralisé de la femme et la diminution du nombre des femmes au foyer, la tendance des jeunes adultes à quitter très tôt la famille pour s’installer en solitaire (tendance qui s’inverse sensiblement depuis quelques années), l’éloignement géographique de la cellule familiale pour atteindre un bassin d’emploi, l’accroissement global des temps de transport pour aller en entreprise (auparavant, l’entreprise employait presque toujours la main d’oeuvre locale), la compétitivité professionnelle, la désagrégation de l’institution cléricale et de l’institution du mariage, la tendance à acheter et consommer facilement tout et n’importe quoi, l’établissement d’une société de communication qui ignore la notion de communion, l’effritement de la solidarité et de la notion de groupe social, la poussée forte de l’individualisme, du droit chéri et l’effacement progressif du devoir, ... sont autant de points - non exhaustifs - pour expliquer le développement du célibat à notre époque dans le monde séculier et ses répercussions sur l’Eglise.
D’autre part, l’arrivée d’une vision prétendue moderne du « tout pour le sexe » et « le sexe anarchique et sans rentenue, c’est ça le vrai amour » (confusion des mots amour et sexe), ratifiée et cultivée par les médias et les modes, l’accroissement conséquent de l’immoralité sexuelle non censurée (films, pornographie disponible à la portée des plus jeunes), l’union libre et la "drague systématique", la légalisation de l’homosexualité, ont pour résultat d'être contrebalancés par une méfiance accrue dans l'Eglise vis-à-vis de la question de l’union sexuelle et de l’engagement conjugal.
Chaque jour s’ajoutent à l’Eglise, tout autour du monde, des individus ravagés par l’alcool, la violence, l’abandon, l’adultère, les abus sexuels, les divorces, la drogue, la prison. L’Eglise est un corps social particulier qui, fondé sur le modèle de Christ et la relation vivante à Dieu au travers de Son Salut (il s’agit bien ici de l’Eglise vivante, faite d’êtres animés, et non de l’Eglise structurelle ou organisationnelle), apporte un certain niveau de sécurité et de confiance relatifs, à la personne en situation d’abus ou d’errance. Aussi attire-t-Elle beaucoup de personnes aux blessures profondes qui sont pour grand nombre dans sa composition.
Le succès de la marche avec Christ d’un individu fortement blessé est en étroit rapport avec son expérience du corps social chrétien. En effet, les abus pratiqués sur quelqu’un, encore plus dans le cas d’une relation très intime, les rejets sociaux, sont autant d’éléments qui amènent un individu devenu chrétien, à tester au travers de l’accueil qu’il obtient dans l’église locale l’acceptation gratuite que Dieu, invisible, lui offre en tant que Père et Sauveur... Dans un numéro du magazine « Portes ouvertes » d’il y a quelques années, on pouvait apprendre le suicide d’une chrétienne africaine qui avait laissé derrière elle une lettre pour expliquer son geste: elle y relatait la façon dont elle se voyait mettre à part et rejeter par son église locale parce qu’avant de venir à Christ, elle était une prostituée. Privée de contacts équilibrants et se sentant accusée par autrui plus qu’elle ne pouvait en supporter, elle a « décidé dans la mort de rejoindre son Dieu ».
Sans en arriver à ce point, des attentes plusieurs fois non comblées d’individus blessés au contact de l’Eglise se transformeront aisément en scepticisme vis-à-vis des êtres humains à pouvoir s’aimer les uns les autres étroitement; en amertume inavouée et finalement attiseront ou développeront la haine et la peur envers le genre humain et parfois l’autre sexe. Il en résultera facilement un isolement volontaire des personnes, qui trouveront un échappatoire à leurs besoins relationnels dans une adoration strictement privée et exclusive d'un Dieu personnalisé avec lequel ils s'emmurent. Autant dire que cet enfermement mystique réduit d'autant la possibilité de formation de couples chrétiens... Un nombre non négligeable de femmes chrétiennes que je rencontre, lorsque j’évoque la question du couple, du mariage et de la sexualité, répondent en bloc « je suis mariée avec Christ » (point final !). Malheureusement pour elles, l’approche du mariage avec Christ est totalement différent pour un homme qui, hélas, ne pouvant effectuer le même transfert affectif, risque, à cause de ce comportement, de vivre dans l’Eglise un célibat involontaire « pour cause de mariage des femmes avec Christ » et, comme chacun sait, si la femme en question reconnait finalement au bout d’une bonne dizaine d’années son réel besoin d’un mari et sent monter une crainte d’atteindre la ménopause sans avoir enfanté, l’homme devenu célibataire endurci n’a plus vraiment envie de changer ses habitudes et préfère « boîter » dans sa solitude plutôt que risquer de tout perdre pour du peut-être pire...
Une autre constatation est que le nombre de personnes issues d’une famille dont les parents ont divorcé lors d’une période charnière de leur enfance est très élevé en France. Il suffit simplement de demander autour de soi pour constater rapidement que peu ont été témoins de mariages réussis (quand ils ont eu la faveur d’avoir des parents mariés...). Dans ce cas, l’approche du mariage est vue avec méfiance et une forte névrose peut se développer entre les besoins affectifs et sexuels légitimes d’une part, la peur du mariage liée au passé d’autre part, l’abstinence enfin de relation sexuelle et de vie de couple hors mariage pour un(e) chrétien(ne).
La place du père est également une question brûlante de notre fin de siècle, doublée des problèmes inhérants à l’image du père terrestre qui interfèrent avec la connaissance du Père Céleste.
Nous voyons depuis les années 70 une confusion grandissante entre le rôle du père et celui de la mère vis-à-vis de l’enfant, dont est témoin la série télévisée « Papa Poule » de l’époque en question. En effet, les hommes au foyer ont alors été plus nombreux, comme les femmes dans le monde du travail. Une guerre des sexes a brutalement éclaté avec une montée explosive du féminisme suivie de près par des réactions machistes frappantes. Contribuant d’abord à la perte des caractères majeurs liés à chacun des genres (la mère protège l’enfant, le père l’initie), le phénomène surfant sur la vague du « faites l’amour pas la guerre » (aimez-vous les uns les autres ... mais pas comme Jésus nous a aimés) a contribué au développement massif des mouvements gays masculins et féminins, au divorce et à l’union libre (ou plus exactement l’union irresponsable). Aujourd’hui, quantité de familles sont monoparentales avec une mère et un ou des enfants d’une part, de l’autre un père inconnu, séparé, divorcé ou des pères pluriels de passage dans la maison... Cette absence des pères doublée du passage d’une gomme épaisse sur le caractère responsable et entrepreneur de l’homme au profit de femmes de plus en plus compétitives, rend d’autant plus difficile l’imagination d’un Père céleste fiable et garant, mais aussi place sur les épaules des hommes chrétiens une responsabilité très forte vis-à-vis du mariage, dans un milieu où la vision demeure très traditionnelle (c’est l’homme qui le plus fréquemment entreprend la démarche conjugale) ainsi que parce que se multiplient les arrivées dans l’Eglise de femmes de plus en plus jeunes traînant derrière elles un ou plusieurs enfants en crise et en mal d’un vrai papa. Enfin, depuis le milieu des années 80, l’homme vit une crise existentielle vis-à-vis de son rôle dans la procréation (fécondation artificielle) et de sa place dans la famille, qui se traduit dans les églises locales par des groupes d’amis qui tentent de s’encourager mutuellement en formant un petit club de célibataires exclusivement masculins « qui se comprennent dans leur malaise - et s'apitoient dessus - en observant de loin des femmes qui attendent un mari 100 % comme Jésus » .
Enfin, l’image que véhiculent les médias d’un amour-passion-fastfood « tu me plais je te plais on se couche » amène fréquemment la population autour de nous à considérer comme sérieusement anormaux (au sens pathologique ?) les personnes faisant voeu de chasteté, de virginité pré-maritale et d’abstinence sexuelle. La pression de notre environnement est multipliée par la présence de messages visuels et auditifs fortement marquants dans la publicité, sur les murs, au cinéma, à la télévision, à la radio, bref ... partout dans notre quotidien. C’est pourquoi il me semble impératif que les chrétiens parlent ouvertement de leurs frustrations affectives et sexuelles, prient ensemble, s’encouragent et développent des structures de rencontre, partage et loisirs fondées sur des bases de communion et de tendresse fraternelle afin de protéger les célibataires de la tentation grandissante de tout abandonner pour aller vivre comme le monde séculier (surtout pour ceux qui pendant des années ont goûté à ses fausses joies à injection rapide et illusoire). Il n’y a rien de plus dangereux pour l’équilibre que d’être un pied dans le monde et un pied dans le Royaume ou d’être dans une secte où l’on subit tout sans pouvoir parler des luttes qu’on traverse.
Aujourd’hui, nous prenons petit-à-petit conscience que les pestes nouvelles qui envahissent le monde ne sont plus majoritairement d’ordre médical, bien qu’il y ait toujours du travail pour endiguer celles-ci, mais d’ordre économiques (écroulements boursiers, chômage), sociales (individualisme, compétition, obsession maladive de l’apparence) et surtout familiales, comme nous l’avons vu ci-dessus. Il est donc nécessaire de développer - tout en maintenant les ministères d’évangélisation et d’aide matérielle aux déshérités en particulier - des ministères intra-Eglise de relation d’aide fondés sur la Parole de Christ et la connaissance du Dieu d’Amour qui guérit aussi et d’abord l’intérieur de l’homme (et de la femme). « On ne demande pas à un bébé qui vient de naître d’aller se faire chauffer un biberon et de changer lui-même ses couches, mais on le chérit, on l’allaite et, au fur et à mesure qu’il grandit dans l’amour de son environnement, on lui apprend l’autonomie et on l’envoie (il va de lui-même vers l’extérieur avec un désir d’entreprendre) ». Les cellules chrétiennes « Torrents de Vie » en Belgique, France, aux Etats-Unis (Living Waters) ont été développées dans cette optique et sont fondées sur un programme très fiable et une commnion profonde avec Dieu. Les séminaires de relation d’aide sont aussi des moyens qui se développent de plus en plus. Néanmoins le corps pastoral semble encore très réticent en France à s’ouvrir à la réalité de la mutation de notre société même s’il reconnaît que « les églises ressemblent de plus en plus à des hôpitaux ». C’est pourquoi un effort doit être réellement développé dans la direction d’espaces d’accueil continus aux chrétiens sérieusement affectés par des troubles graves de la vie sociale et familiale (le divorce, les deuils brutaux, les suicides de proches - cause première de mortalité chez les jeunes en France avec les accidents de la route -, le chômage de longue durée, la prison, les abus moraux et sexuels de tout ordre). Lors d’une prédication dans une salle du nord de Paris, un pasteur canadien a présenté une communauté chrétienne qu’il a visitée et qui l’a réellement bouleversé: il s’agit d’une communauté, fondée autour d’une église évangélique, ouverte aux chrétiens sortant de situations de cas sociaux très critiques: ex-prostitué(e)s, ex-drogué(e)s, ex-criminel(le)s, ex-emprisonné(e)s. Chaque personne de la communauté est accueillie dans une chambre particulière pendant 6 mois avec un « mentor » du même sexe, à savoir un chrétien établi qui le suit et le soutient en permanence durant cette période. En cas de risque de rechute, l’aide extérieure est toujours là. De plus, tous les membres étant d’anciens cas sociaux lourds et rejetés par l’opinion publique du monde séculier, il n’y a pas de notion d’être « meilleur que l’autre ». Au bout de six mois, les internes sont réellement profondément changés dans leur vie, leur coeur et leur motivation. Ils travaillent, servent l’église et la communauté, deviennent plus tard mentors ou partent s’installer plus loin pour construire un nouveau foyer et recommencer une vie qui leur avait été volée trop tôt avant de rencontrer le Seigneur... « Personne ne peut donner ce qu’il n’a pas » dit un adage. C’est pourquoi, tout ce que nous avons reçu, il est bon de le partager (parabole contenue dans le miracle des pains) afin que tous soient rassasiés et que les paniers nous reviennent plus abondants.
Témoignage de reconstruction intérieure analogue sur la page "http://members.tripod.com/~GillesD/Partage.htm":
«J'ai fait beaucoup de cafés et d'accueils dans les groupes français
et anglais du centre-ville de Montréal. Mon parrain était un bon membre
anglophone qui a été dur avec moi et c'était correct car, avec ma tête dure,
la méthode douce ne fonctionnait pas.
Ce parrain m'a donné du temps et de l'attention comme jamais je n'en avais eu
dans ma vie. Il m'a donné une thérapie pour six mois et ce à tous les jours.
J'ai accepté de m'asseoir dans mon fauteuil roulant et un grand besoin de
voir du monde s'est fait en moi. J'ai perdu le "Qu'est-ce que les gens
pensaient". J'ai partagé mon vécu avec des jeunes alcooliques et toxicomanes. Et ils m'ont tous remercié de leur avoir donnés l'espoir qu'ils pouvaient eux aussi s'en sortir. Cette expérience m'a aidé à me revaloriser. Je ne me sentais plus un fardeau pour la société. Je venais de découvrir que je pouvais servir Dieu en partageant le miracle qu'il avait fait avec moi.»
Bien entendu, ce cas est un exemple de qualité exceptionnelle d’implication de tous et à tous les niveaux. Ce qui ne nous empêche pas de multiplier les actions concrètes de relation d’aide (méfiez-vous tout-de-même des amis qui veulent jouer au psychologue pour vous aider, car cela peut mal se passer s’ils n’ont eux-mêmes pas assez de stabilité et de recul). Ce que les membres de cette communauté ont mis en évidence, c’est que « l’Eglise est au service de l’individu (actes 2:45), l’individu au service de Dieu (De 11:1) et Dieu au service de son Eglise (sinon, pourquoi le Christ laverait-il les pieds des douze ? Pourquoi viendrait-il nous sauver ? Pourquoi voudrait-il s’unir à Elle ?)».